À partir de 2025, toute prescription d’examens biologiques par un infirmier en pratique avancée devra figurer dans le dossier médical partagé du patient, sous peine de nullité. Ce dispositif s’applique même en l’absence d’accès effectif à l’outil informatique lors de la consultation.
Le statut et les missions des IPA subissent une réévaluation réglementaire, imposant désormais un cadre plus strict pour l’exercice en autonomie et la collaboration avec les médecins. Plusieurs actes jusqu’ici réservés aux médecins deviennent accessibles sous conditions précises, tandis que certaines dérogations accordées en 2024 disparaissent.
Loi RIST 2025 : ce qui va vraiment changer pour les infirmiers
Adoptée au Parlement sous l’impulsion de Stéphanie Rist, la nouvelle loi marque un tournant pour la profession infirmière française. Ce texte vient clarifier le périmètre de chaque acteur et redistribue les rôles dans l’organisation des soins.
À partir de janvier, plusieurs évolutions structurantes viennent bousculer le quotidien :
- Les missions des infirmiers sont désormais uniformisées, conformément au code de la santé publique.
- Certains champs de compétences s’ouvrent, à condition d’avoir validé des formations complémentaires auprès du conseil national de l’ordre des infirmiers.
- Les clauses restrictives qui freinaient l’évolution du métier sont levées, un passage facilité par les décrets et amendements récents.
Le décret d’application attendu va détailler les nouvelles règles de responsabilité, qu’il s’agisse de prescription, d’actes techniques ou de prise de décision autonome. Ce nouveau cadre rehausse la reconnaissance professionnelle mais impose une rigueur accrue : chaque acte, prescription ou intervention devra être tracé dans le dossier patient, en phase avec l’essor du numérique en santé.
Côté organisation, la réforme pousse à renforcer les liens entre professionnels. L’intégration des infirmiers au sein d’équipes de soins coordonnées exige un nouveau partage des tâches, en lien direct avec les médecins et les autres métiers du soin. Le Conseil national de l’ordre des infirmiers multiplie les ressources pour soutenir cette transition, notamment via des sessions d’information et de sensibilisation.
Le secteur débat encore de la juste articulation entre autonomie et responsabilité. Mais un point rassemble syndicats et Conseil national : il faut s’adapter vite, pour ne pas rater le virage de la modernisation du système de santé.
Infirmiers en pratique avancée : de nouvelles compétences à intégrer au quotidien
Pour les infirmiers en pratique avancée (IPA), la Loi RIST agit comme un accélérateur. Dès 2025, leur rôle prend de l’ampleur : gestion des maladies chroniques, suivi en psychiatrie et santé mentale, coordination des parcours complexes, interventions sur des dossiers pointus, les IPA deviennent incontournables dans l’architecture du soin.
Le champ de la prescription s’élargit nettement. Désormais, la liste des produits, examens et actes accessibles gagne en ampleur, fixée par voie réglementaire. Dans un cadre strictement défini, les IPA pourront prescrire certains actes et produits de santé sans solliciter systématiquement le médecin traitant. Les changements se manifestent concrètement dans la pratique :
- Possibilité d’accéder directement à des examens biologiques ou d’imagerie
- Renouvellement simplifié de traitements pour affections chroniques
- Adaptation des thérapeutiques en cohérence avec le dossier médical partagé
Cette réforme vise à fluidifier les parcours de soins, particulièrement dans les zones à faible densité médicale. Les IPA deviennent l’appui des généralistes, notamment dans les structures d’exercice coordonné. Mais cette montée en responsabilité suppose rigueur, formation continue et une communication renforcée avec les autres professionnels.
Les IPA s’imposent comme garants du suivi des patients chroniques, toujours en concertation avec la médecine de premier recours. Leur autonomie s’élargit, mais la relation avec le médecin traitant reste incontournable : chaque intervention trouve sa place dans un projet thérapeutique global.
Quels impacts concrets sur l’organisation des soins et la collaboration interprofessionnelle ?
L’année 2025 redessine la carte des soins de premier recours en France. Sous l’effet de la loi RIST et de la montée en puissance des infirmiers en pratique avancée (IPA), les responsabilités s’équilibrent et les missions s’ajustent dans les équipes pluriprofessionnelles.
Dans les structures d’exercice coordonné, maisons de santé pluriprofessionnelles, centres de santé, cliniques,, il faut revoir les protocoles. La collaboration interprofessionnelle s’intensifie : médecins, pharmaciens, IPA et autres acteurs de santé multiplient réunions, partagent le dossier médical, renforcent la traçabilité de chaque décision.
L’accès facilité à certains actes ou prescriptions pour les IPA, sous réserve d’un diagnostic médical préalable, accélère la prise en charge. Mais il impose aussi une réflexion sur la limite de chacun. Plusieurs MSP innovent déjà en adaptant leur organisation : répartition des créneaux, création de binômes médecin-IPA pour les suivis conjoints, mutualisation du suivi des patients chroniques.
Le nouveau texte oblige à une vigilance accrue sur la répartition des actes qui relèvent de la prescription médicale. Toute la réforme tient sur la capacité des équipes à respecter les compétences de chacun, à partager l’information sans perdre de vue le rôle propre de chaque professionnel. Le défi sera d’atteindre un équilibre entre souplesse organisationnelle et sécurité du parcours patient.
Se préparer dès maintenant : comment anticiper et s’adapter à la réforme
La publication des décrets d’application lance concrètement la mise en œuvre de la loi RIST. Les équipes doivent s’approprier ce nouveau cadre, en s’appuyant sur les recommandations du Conseil national de l’ordre des infirmiers et les avis de l’académie nationale de médecine. Pour accompagner le changement, la formation continue devient un levier central, proposée par les universités, les organismes professionnels et les réseaux de soins.
Voici quelques leviers à activer dès maintenant pour prendre le virage :
- Lire les décrets au fil de leur parution et ajuster les pratiques sur le terrain.
- S’impliquer dans les ateliers d’échanges organisés localement par les conseils départementaux de l’ordre.
- Cibler les besoins en formation complémentaire pour intégrer les nouvelles compétences désormais accessibles.
La concertation interdisciplinaire avec les médecins traitants et les autres professionnels devient une évidence. Pour les infirmiers libéraux, mieux vaut réorganiser l’activité : adapter le calendrier des rendez-vous, clarifier le partage des responsabilités, assurer la traçabilité des interventions. Les outils numériques et plateformes de coordination ne sont utiles que s’ils sont bien maîtrisés.
Plutôt que de voir la réforme comme une contrainte, il s’agit d’y lire une occasion de progresser collectivement. Anticipation, mobilisation locale et adaptation rapide forment le trio gagnant pour apprivoiser ce nouveau paysage des soins. S’impliquer dans les groupes de travail, rester alerte face aux textes définitifs, miser sur la formation : c’est ainsi que se construit l’avenir du soin, entre responsabilités partagées et dynamique d’équipe.


